Bon samedi
Ces larges beaux jours dont les matins flamboient !
La terre ardente et fière est plus superbe encore
Et la vie éveillée est d'un parfum si fort
Que tout l'être s'en grise et bondit vers la joie.
D'être restés si clairs, sous mon front déjà vieux,
Pour voir au loin bouger et vibrer la lumière ;
Et vous, mes mains, de tressaillir dans le soleil ;
Et vous, mes doigts, de vous dorer aux fruits vermeils
Pendus au long du mur, près des roses trémières.
D'être ferme, rapide, et frémissant encor
Au toucher des vents prompts ou des brises profondes ;
Roses dont la rosée orne les purs visages,
Oiseaux venus vers nous, comme de blancs présages,
Jardins d'ombre massive ou de frêle clarté !
Je vous aime, chemins, par où s'en est venue
Celle qui recélait entre ses mains, mon sort ;
Et sous mes pieds, jusqu'au tréfonds, j'aime la terre
Où reposent mes morts.
Gazons épais, sentiers perdus, massifs de hêtres,
Eau lucide que nulle ombre ne vient ternir,
Vous devenez moi-même étant mon souvenir.